L'emploi de travailleurs handicapés est imposé à certains employeurs.
Les travailleurs handicapés reconnus comme tels au terme de la procédure de RQTH (reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé) bénéficient :
- du principe de non-discrimination au handicap ;
- de l'obligation d'emploi à la charge de certains employeurs.
Conseil : la plateforme « Mon Parcours Handicap » accompagne les personnes en situation de handicap au travers une série de contenus liés à l’emploi et à la formation professionnelle des personnes en situation de handicap. Elle aide également les étudiants et les lycées en situation de handicap via la rubrique « Études supérieures et handicap » en répondant à leurs questions liées aux aides possibles et aux parcours dans l'enseignement supérieur.
Le décret n° 2018-850 du 5 octobre 2018 a amélioré l'information des bénéficiaires de l'obligation d'emploi. Une attestation est automatiquement délivrée à plusieurs catégories de personnes handicapées :
- les bénéficiaires de l'obligation d'emploi des travailleurs handicapés victimes d'accidents du travail ou de maladies professionnelles ;
- les titulaires d'une pension d'invalidité ;
- certains bénéficiaires d'emplois réservés ;
- les titulaires d'une allocation ou d'une rente d'invalidité au titre de la protection sociale des sapeurs-pompiers volontaires.
Bon à savoir : l’attribution de la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé est automatique pour les jeunes de plus de 16 ans qui perçoivent l’une des prestations suivantes : l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé, la prestation de compensation du handicap ou un projet personnalisé de scolarisation. Le but est de favoriser l’accès à l’emploi de ces jeunes (loi n° 2022-217 du 21 février 2022).
Cette attestation mentionne la qualité de bénéficiaire de l'obligation d'emploi en vue de l'insertion professionnelle. Par ailleurs, toute décision d'attribution de la carte mobilité inclusion (CMI) portant la mention « invalidité » et de l'allocation aux adultes handicapés (AAH) précise à son titulaire qu'il est bénéficiaire de l'obligation d'emploi des travailleurs handicapés pour l'insertion professionnelle, sans qu'il ne soit nécessaire d'accomplir une démarche supplémentaire de recherche de la qualité de travailleur handicapé (RQTH).
Bon à savoir : l'AAH et la CMI portant la mention mention « invalidité » sont attribuées sans limitation de durée aux personnes ayant un taux d'incapacité permanente d'au moins 80 % et dont les limitations d'activités ne sont pas susceptibles d'évolution favorable (arrêté du 15 février 2019). La reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé est attribuée à vie depuis le 1er janvier 2020 (décret n° 2018-1222 du 24 décembre 2018). Le décret n° 2019-1501 du 30 décembre 2019 permet en outre aux CDAPH et aux présidents de conseils départementaux de proroger les droits ouverts à ces personnes handicapées sans limitation de durée, sans nouvelle demande de leur part.
À noter : les salariés bénéficiaires de l'obligation d'emploi de travailleurs handicapés ont droit à une majoration de 300 € sur leur compte personnel de formation (CPF), dans la limite d'un plafond de 8 000 € (décret n° 2019-566 du 7 juin 2019).
Obligation d'emploi handicapé : entreprises > 20 salariés
Certains employeurs ont l'obligation d'embaucher un certain nombre de travailleurs handicapés :
- employeurs du secteur public et du secteur privé ;
- employeurs ayant un minimum de 20 salariés.
Bon à savoir : la loi Pacte n° 2019-486 du 22 mai 2019 a allongé le délai prévu pour que les entreprises nouvelles se mettent en conformité avec l'obligation d'emploi des travailleurs handicapés. Depuis le 1er janvier 2020, ce délai est passé de 3 à 5 ans.
Parmi l'effectif total de l'entreprise, ils doivent employer un minimum de 6 % de travailleurs handicapés, peu importe la nature et la durée du contrat. Attention, ce taux est un minimum : il s'applique jusqu'en décembre 2024, date à laquelle il sera actualisé (article L. 5212-2 du Code du travail).
Depuis le 1er janvier 2020, tous les employeurs, soumis ou non à l'OETH, sont tenus de déclarer leur effectif total de salariés bénéficiaires de l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés (article L. 5212-1 du Code du travail). Les employeurs réalisent leur déclaration annuelle relative à l'OETH par le biais de la déclaration sociale nominative – DSN – (article L. 5212-5 du Code du travail). À compter de 2022, la déclaration obligatoire d’emploi des travailleurs handicapés (DOETH) ainsi que le paiement de la contribution sont à effectuer, par toutes les entreprises de 20 salariés et plus, sur la DSN d’avril (exigible le 5 ou 15 mai) au titre de l’obligation d’emploi de l’année précédente. Notez que le décret n° 2021-918 du 9 juillet 2021 définit l'effectif d'assujettissement à la contribution due au titre de l'OETH comme l'effectif de l'année au titre de laquelle la contribution est déclarée. Ainsi, la période à retenir pour le calcul de la contribution OETH pour 2023 versée en 2024 est l'année 2023.
De même, le 1er janvier 2020, les modalités de décompte des bénéficiaires en matière d'obligation d'emploi ont changé (article D. 5212-3 du Code du travail modifié par le décret n° 2019-522 du 27 mai 2019). Désormais, les stagiaires, personnes en période de mise en situation en milieu professionnel et personnes mises à disposition par les entreprises de travail temporaire ou les groupements d'employeurs sont pris en compte.
Bon à savoir : depuis le 1er janvier 2020, dans les entreprises à établissements multiples, l'obligation d'emploi de 6 % de travailleurs handicapés s'applique au niveau de l'entreprise (article L. 5212-3 du Code du travail) et non plus au niveau de chaque établissement.
Mesures incitatives à l'emploi d'handicapé
L'emploi d'un travailleur handicapé est favorisé par différents moyens.
Afin d'inciter à l'emploi de travailleurs handicapés, l'employeur peut bénéficier d'aides financières :
- primes versées par l'Agefiph :
- aide à l'embauche en contrat d'apprentissage (3 000 € maximum) ;
- aide à l’embauche en contrat de professionnalisation (4 000 € maximum) ;
- aide à l’accueil, à l’intégration et à l’évolution professionnelle pour une embauche en CDI ou en CDD de plus de 6 mois (3 000 € maximum) ;
- aide à l’adaptation des situations de travail ;
- aides aux contrats en alternance : contrat d'apprentissage et contrat de professionnalisation ;
- aide à l'emploi d'un travailleur handicapé dont la lourdeur du handicap a été évaluée par l'Agefiph ;
- aide au tutorat ;
- le dispositif d’emploi accompagné, qui s'adresse au travailleur handicapé, mais aussi à l'employeur qui peut à tout moment faire appel au « référent emploi accompagné » de son salarié pour prévenir ou remédier à des difficultés, et pour évaluer et adapter le poste de travail (mis en place le 1er janvier 2017) ;
- les « CDD tremplin » : mis en place à titre expérimental initialement jusqu'au 31 décembre 2022 (loi n° 2018-771 du 5 septembre 2018), ces contrats ont pour but de favoriser la mobilité des travailleurs handicapés d'une entreprise adaptée (EA) vers une autre entreprise. Ils ont été reconduits jusqu'au 31 décembre 2023 par la loi n° 2022-1726 du 30 décembre 2022 de finances pour 2023. Ces contrats peuvent être conclus par les EA habilitées (liste mise à jour par un arrêté du 3 août 2023). Les « CDD tremplin » sont conclus pour une durée de 4 à 24 mois avec des travailleurs reconnus handicapés sans emploi ou qui risquent de perdre leur emploi en raison de leur handicap. L'entreprise adaptée perçoit une aide financière de l'État (décret n° 2018-990 du 14 novembre 2018).
Bon à savoir : depuis le 1er janvier 2019, les entreprises adaptées doivent embaucher au moins 55 % de travailleurs handicapés (contre 80 % auparavant). En outre, le montant d’aide versée à l’entreprise adaptée est dorénavant calculé sur la base d’une proportion de travailleurs handicapés qui ne peut être supérieure à 75 % de l’effectif salarié. En conséquence, le décret prévoit une période transitoire entre 2019 et 2023 pour les entreprises adaptées agréées avant le 1er janvier 2019 (décret n° 2019-39 du 23 janvier 2019 modifié par le décret n° 2021-1196 du 16 septembre 2021).
À noter : un arrêté du 2 octobre 2019 fixe les conditions d'éligibilité des recrutements (hors expérimentation en emploi direct par les entreprises adaptées ou sur proposition du service public de l'emploi) permettant d'ouvrir droit aux aides financières.
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Alternatives à l'emploi de travailleur handicapé : 4 options
Bon à savoir : la loi Macron, n° 015-990 du 6 août 2015, pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques étend les possibilités alternatives des employeurs pour répondre à leur obligation d'employer des travailleurs handicapés.
Les autres solutions que l'emploi d'handicapé.
Certains employeurs ne peuvent ou ne souhaitent pas employer 6 % de travailleurs handicapés. Ils disposent alors 4 alternatives :
- mettre en œuvre un programme annuel en faveur des travailleurs handicapés : le programme doit obligatoirement prévoir un dispositif d'embauche ;
- embaucher 2 % de stagiaires handicapés pour une durée minimale de 40 heures avec possibilité d'accueillir des élèves handicapés de moins de 16 ans en "parcours de découverte" ou "périodes d'observation" ;
- sous-traiter avec des entreprises adaptées et des Esat (contrats de fourniture ou de prestation de services) ou avec des travailleurs handicapés indépendants ;
- mettre en place des périodes de mise en situation professionnelle pour un mois maximum, dans la limite de 2 % de l'effectif.
Le non-respect de l'obligation d'emploi assujettit l'employeur au paiement de la taxe Agefiph.
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Aussi dans la rubrique :
Obligations de l'employeur vis-à-vis du travailleur handicapé
Sommaire
- Aides à l'embauche d'un travailleur handicapé
- Obligation légale d'emploi de travailleurs handicapés
- Interdiction de discriminer le travailleur handicapé
- Insertion du travailleur handicapé
- Mettre fin au contrat de travail du travailleur handicapé